23 juillet 2009

Au pays des Paumotus

Amanu, le village, samedi 11 juillet vers 19H00, quelques heures après l’ouverture du Heiva (les fêtes de juillet en Polynésie) …
Quelques collègues (ça veut dire amis pour les tahitiens), rencontrés un peu plus tôt dans la soirée, m’ont convoqué derrière l’église pour boire un coup discrètement, discrètement car pendant les festivités, la vente d’alcool est réglementée pour éviter les combats de coq ;-)
Je suis un peu ennuyé car c’est le maire qui nous a invités et je me vois mal être pris la main dans le sac alors qu’il vient de rappeler à sa population l’interdit concernant l’alcool …
En même temps, refuser le verre de l’amitié, ça ne se fait pas ;-) …
Donc, j’y vais et je bois l’Hinano (la bière de Tahiti) de l’amitié, mais je vais le regretter !
Pendant ce temps, Nathalie discute tranquillement avec des mamas, Arthur et Titouan sont rapidement pris en charge par des petites paumotus, et Leo s’est trouvé une bande de copains
avec qui animer la place du village …


Non, non, je n’ai pas été pris la main dans le sac mais, à qui a-t’on demandé d’être membre du jury de Miss Amanu ?
A Nathalie !, puisque j’étais derrière l’église … j’ai donc manqué le privilège de noter ces belles polynésiennes !!
L'autre explication, à laquelle je crois davantage, c'est que les responsables de l'organisation ont eu peur que Nathalie gagne le titre de Miss Amanu, c'est pour ça qu'ils ont préféré la voir devant la scène que sur la scène ... et très franchement, je les comprends !!


On se rappellera longtemps de cette soirée d’ouverture un peu surréaliste.
Il faut imaginer ce village de 160 personnes qui s’est mis en 4 pour préparer le Heiva, démontrant une organisation digne d’une ville de plusieurs milliers d’habitants, avec stand de jeux pour les enfants, baraques (restaurants), et bien entendu groupes de danse et de chant qui ont répété tous les jours pendant plus de 2 mois pour faire le spectacle et prétendre au titre de meilleur groupe de danse.


Nous sommes les seuls ‘touristes’ (il n’y a jamais de touriste à Amanu et seuls 2 ou 3 bateaux y font escale par an), et la population, qui par la voix de son maire nous a déjà souhaité la bienvenue à l’occasion de son discours d’ouverture, nous accueille avec enthousiasme et gentillesse.
L’ambiance est légère, bon enfant, c’est un régal. Le bien être de chacun est palpable.


Revenons un peu en arrière. Nous vous avions laissé en pleine mer à 300 milles des Gambiers à destination d’Hao ou Amanu.
C’est donc finalement à Amanu que nous avons décidé d’atterrir après 3 bonnes journées d’une navigation.
Sur 3 jours de navigation, il est difficile de prévoir une heure précise d’arrivée. Pourtant, dans la plupart des atolls des tuamotus, il vaut mieux se présenter à l’entrée de la passe à l’étale de marée voir une heure avant ou après si on veut être certain de rentrer car le courant peut-être très fort au point que le bateau, même avec ses moteurs à fond, ne soit pas en mesure d’étaler le courant qui peut atteindre jusqu’à 12 nœuds. Et si la passe est très étroite, ça peut être dangereux, car alors le bateau ne peut pas faire demi-tour … sans risquer de se frotter à la barrière de corail, redoutable râpe à bateaux.
C’est le cas d’Amanu, où la passe n’est pas très large. Nous sommes arrivés devant la passe 2 heures avant l’étale, mais 45 minutes avant le coucher du soleil, soit pas beaucoup de temps pour mouiller une fois dans l’atoll. Donc, motivés mais surtout contraints à mouiller de jour dans cet atoll non cartographié, nous nous sommes engagés dans la passe sans hésitation …
Les 800 mètres que nous avions à parcourir pour rentrer dans l’atoll nous ont paru très très longs, malgré les 9,5 nœuds affichés au speedo et pour cause … avec 8 nœuds de courant en face, c’est à 1,5 nœuds que nous avons vu défiler le paysage !
Une fois à l’intérieur, l’œil expert de Nathalie, a très rapidement repéré une barrière de corail derrière laquelle s’abriter. A l’heure de l’apéro, on en a conclu qu’Amanu devait se mériter et - c’est le cas de le dire -, on n’a pas été déçus du voyage ;-)
Profitant de vents cléments et du grand soleil, nous sommes partis « robinsonner » pendant une bonne semaine, dans ce petit atoll rien qu’à nous puisque seul bateau dans son lagon…


Au programme, plage évidemment, ballade sur le récif pour ramasser les ma’oa (escargot de mer) et chasse à volonté. Leo a fait ses débuts à la fois à la pêche à la ligne et au fusil.


On s’est payé une grosse sensation, en allant pêcher ensemble de nuit au fusil, quand le projecteur a rencontré un requin gris à 2 mètres devant nous … même s’il n’y avait pas vraiment de risque, on a eu notre dose d’adrénaline pour la soirée !


Au cours de ce séjour à Amanu, on a retrouvé avec un plaisir fou l’atmosphère des tuamotus qu’on avait connu et tant apprécié en 2002 et 2003.

Dimanche 12 juillet, le lendemain de la soirée d’ouverture du Heiva, après un dernier au revoir au village, nous quittons (un peu cafardeux, encore une fois !) Amanu.
Même si la perspective de reprendre la mer nous réjouit tout le temps, même si nous sommes de nouveau excités à l’idée de nouvelles rencontres, c’est toujours plus ou moins difficile de quitter un endroit où on a passé un bon moment, un endroit où on aura des souvenirs pour longtemps.

Makemo est notre prochaine escale à une journée de mer d’Amanu.
C’est le troisième plus grand atoll des tuamotus après Rangiroa et Fakarava.
900 personnes vivent au village, 900 personnes parées aussi pour le Heiva !
Nous avons donc poursuivi les festivités à Makemo, avec chaque soir un programme de danse ou de chant. Dans la journée, les courses de pirogues, les concours de pétanque ou de débourrage de noix de coco ou encore de la plus belle couronne fleurie, se succèdent dans une ambiance authentique de fête de village.


De la même façon qu’à Amanu, nous sommes accueillis chaleureusement par des sourires avenants.
Leo, à peine débarqué, a été convié à participer aux jeux pour enfants. Dans la foulée, il s’est trouvé une nouvelle bande de copains avec lesquels il joue toute la journée au village et depuis 3 ou 4 jours, il y a passe également ses nuits puisqu’il a été invité à y séjourner par la famille de ses copains.


De notre côté (puisque Leo vit sa vie ;-)), à l’occasion de nos ballades quotidiennes dans le village avec les jumeaux (de véritables ambassadeurs, ces 2 là !), nous palpons la douceur de vivre des tuamotus en privilégiant les contacts avec les habitants, toujours disponibles pour bavarder, prendre un café, disputer une partie de pétanque ou parler pêche (je suis très curieux des techniques ‘endémiques’ de pêche polynésiennes, que ce soit la pêche à la bouée pour les thons, ou au arpon pour les dorades coryphènes).
Nous sommes allés également au secteur (c'est-à-dire, les motus autres que celui du village) dans le nord de l’atoll. Nous y avons découvert une énorme piscine dans laquelle na maka s’est sentie très à son aise et aussi très protégée du maram’u (vent de sud est qui ne manque pas de souffle en cette saison).


L’occasion pour Leo et moi d’aller à la pêche à la langouste de nuit sur le récif et de ramener (seuls, c'est-à-dire sans guide paumotu) une première pièce !
Nous allons poursuivre encore quelques jours la visite de cet atoll en allant explorer le sud. Après quoi, nous mettrons les voiles direction Kauehi, escale que nous attendons avec une certaine impatience …

De savoir qu’à l’heure qu’il est, que vous prenez certainement aussi des coups de soleil les pieds dans l’eau, ça nous rapproche un peu de vous … vous nous manquez quand même !

Bonnes vacances à vous tous !

Nana, Jérôme

Ps. parce qu’on y pense encore, quelques photos bonus des Gambiers …

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