27 janvier 2009

Cartagena de indias





C’est bien à Carthagène que nous avons atterri, après 3,5 jours d’une navigation assez tranquille (voile & moteur). Nous avions choisi une bonne fenêtre météo car cette étape est réputée pour sa mer difficile, voire dangereuse, par vent très fort.


Nous avons fait route avec nos amis du bateau bellon.
Navigation assez tranquille, mais pas totalement, car au terme du deuxième jour, à la tombée de la nuit, alors que nous étions encore sous l’excitation de la prise du jour (un petit thon), le moteur babord s’est littéralement ‘emballé’ et s’est mis à cracher de la fumée blanche d’une telle densité qu’on a bien pensé que le moteur allait prendre feu. Il nous a fallu 1 minute (et c’est long 1 minute quand ça fume très fort), pour couper le moteur car la manette des gaz était coincée et du coup impossible sur le moment de revenir au point mort … émotion n°1.
Le même jour, vers minuit, Nathalie entend un bruit de succion suspect dans la cabine arrière tribord. Réflexe naturel, elle soulève les planchers de la coque tribord et … le plein d’eau !
Très vite, nous gouttons l’eau, elle est douce, ouf …, c’est un moindre de mal …. émotion n°2.

Lorsque la pompe de cale s’arrête car elle en a fini avec l’évacuation des fonds, le bruit de la pompe s’arrête, mais toujours pas celui de succion. Nous reprenons les investigations et le localisons sous notre couchette, c’est le chauffe eau, il est plus que chaud bouillant, c’est le cas de le dire !
Il continue de chauffer, alors qu’il n’y a plus d’eau à chauffer, il a vidé tous les réservoirs … ‘merde !’, il va imploser si ça continue. En coupant le groupe de pression d’eau, nous avons pu le désamorcer …émotion n°3. Il est 3 heures du matin, je reprends mon quart, nous sommes vannés.
Le reste de la nuit est calme, pas d’émotion n°4.

Le lendemain matin, nous naviguons sous grande voile et un seul moteur du coup (pas de problème pour autant), pour passer l’embouchure du rio Magdelena qui déverse en saison des pluies beaucoup de troncs d’arbre. Nous sommes en saison sèche mais bon, nous préférons le passer de jour pour y voir clair, ce qui nous oblige à ralentir pour ne pas arriver au niveau du rio avant le lever du jour.
Du coup, pour cette dernière journée de navigation, nous avons besoin d’Eole pour réussir à gagner Carthagène avant la nuit. A 17H30, nous apercevons les buildings de Boca Grande, quartier moderne de la ville, une heure plus tard - après avoir franchit la passe creusée dans le mur sous-marin érigé il y a 3 siècles par les espagnols pour se protéger des pirates - nous sommes mouillés dans la baie de Carthagène. C’est très impressionnant, c’est la première fois que nous arrivons en bateau au cœur d’une grande ville. Ca ressemble à l’idée qu’on se faisait avec Nathalie d’une arrivée à New York par exemple. Une heure plus tard, la ville s’illumine, c’est magique, on est à Cartagena de indias, en Colombie !


Et ça se fête bien sur, avec notre compagnon de route bellon, apéro sur namaka.

Cartagena de indias, nommée ainsi par le conquistador espagnol Pedro de Heredio pour éviter la confusion avec la Carthagène d’Espagne. De l’avis de beaucoup de plaisanciers, c’est la plus belle ville coloniale de toute la mer des Caraïbes.
Je ne sais pas si c’est vrai mais ce qui est sûr, c’est que la ville mérite sa réputation. Qu’on soit passionné d’histoire ou pas, il est impossible de ne pas tomber sous le charme de cette ville à l’esthétique andalouse, où il fait bon vivre. El centro (la ville historique) est un lieu de vie, pas seulement réservé aux touristes. Et pour ne rien gâcher, la ville est relativement sure, on peut s’y promener sans risque.



C’est ce que nous avons fait pendant 8 jours, mais pas seulement … Et oui, il faut bien travailler ;-) !
C’est vrai pour Leo et le cned, Nathalie, le cned aussi, les petits, les courses … et moi, plus dédié à la maintenance du bateau et surveillant général pour Leo (qui selon les jours a besoin d’être
motivé ou au contraire plus ‘encadré’…).
On a donc fait de Carthagène, une escale historique et technique. Le matin, cned pour les uns, maintenance ou courses pour les autres ; l’après-midi, quand le soleil descend, on charge les poussettes dans l’annexe et nous partons à la découverte de la ville. Petite bière en fin de journée à la terrasse d’un café et le soir, resto de rue ou spécialité locale.




Très, très sympa.
Leo a ainsi pu visiter la forteresse San Felipe, se perdre dans les galeries sous-terraines à m’en filer la trouille, moi qui suis de moins en moins à l’aise dans les endroits confinés, sans ouverture
et peu éclairés ;-)


Les petits, malgré qu’ils n’aient pas pu se baigner (l’eau de la baie n’est pas vraiment limpide), en ont bien profité également. Ils adorent se balader, regardent tout, commentent et interpellent les passants avec des "ola, ola, ola …", et autres "bon dia".


La maintenance s’achève ce jour en même temps donc que la visite de la ville. Nous prévoyons de quitter Carthagène demain pour les San Blas (archipel qui longe la côte panaméenne), à la rencontre des indiens Kuna. A ce moment précis où je perle de sueur (cagnard d’enfer), l’idée de retrouver une eau bien turquoise ne me déplait pas ;-).
Hasta luego.

17 janvier 2009

Des Roques à Curaçao



Nous avons déposé Stéphane et Mariana à El Grande Roque (aux Roques - Vénézuela) le 6 janvier à 16H10, leur avion a décollé 20 minutes plus tard avec une demi-heure d’avance, on n’a donc pas eu le temps de s’attarder sur les « au revoir ». Et ça tombe bien, parce que les « au revoir », je n’aime pas ça, si bien que je m’arrange souvent pour arriver au dernier moment à l’aéroport ou à l’endroit où on doit se dire bye bye. Manu, Véro ou Eve ont des histoires à ce sujet …
Et nous n’avons pas tardé nous non plus car notre permis de séjour aux Roques avait expiré depuis quelques jours, nous ne tenions donc pas à nous expliquer éventuellement avec les coast guards. Aussi, nous avons mis les voiles direction Bonaire quelques minutes après le décollage de l’avion de Stéphane et Mariana. Pas le temps non plus donc pour le ‘spleen’ qui suit généralement le départ d’amis avec qui on vient de partager du bon temps et des souvenirs pour longtemps …
Il est 17H00 quand nous quittons les Roques, toutes voiles dehors, Grégoire à donf .. vogue namaka, vogue ….

Mariana, nous avons pris le temps de voir tes photos. Dis-nous où tu envisages de réaliser ton prochain reportage qu’on vienne de chercher !
Oui, tu peux ramener Stéphane avec toi ;-).


Encore une belle nuit de navigation et au petit jour, nous apercevons les salinières de Bonaire (Bonaire est un gros producteur de sel de mer). Nous entrons donc dans les eaux néerlandaises. Bonaire étant la première (en venant de l’est) des îles ABC (Aruba, Bonaire et Curaçao). Changement de décor, après les bleus dominant des Roques, nous découvrons une petite île très colorée, avec des maisons ‘de poupée’ et un joli front de mer garni (comme il se doit) de bars et restaurants tous plus accueillants les uns que les autres … ça sent les vacances !, pas de raison donc de se refuser quelques bières d’autant que le lieu (très tranquille et très safe) est propice au baby sitting. Leo sera donc de garde 2 soirs de suite ;-)
Autre particularité de Bonaire (avec les Salinières), ce sont ses eaux d’une clarté et d’une richesse étonnante. Bonaire est l'un des spots de plongée très apprécié des Caraïbes.
Le snorkling a donc été particulièrement agréable.


Nous quittons Bonaire pour Curaçao. Nous n’avions pas prévu cette escale mais il semblerait qu’on puisse y faire réparer le radar, HS, depuis notre départ de Trinidad.
Nous avons 40 milles à parcourir, pas assez pour une nuit de navigation, nous partons donc de bonne heure le matin en prévoyant une arrivée dans l’après-midi.
Nous prenons 2 ris dès le départ, la girouette au mouillage indique 20 nd et le mouillage est protégé. Une heure après le départ, un gros bruit nous surprend …, c’est la GV (grande voile) qui se déploie brutalement, le ris vient de casser. Le lazy bag qui vient de recevoir une ‘grosse claque’ ne résiste pas et lâche. Le vent monte (30 nd), il nous faut faire demi-tour et réparer.
Nous revenons à notre mouillage initial et nous mettons rapidement à la tâche pour repartir au plus vite. Il nous faut en effet être le lendemain matin à Curaçao, car nous avons un rdv.
Cette fois-ci, nous repartons avec 3 ris. L’accélération du premier départ nous laisse à penser que le vent peut encore grimper. Bien nous en a pris, une heure après le second départ, nous enregistrons une pointe à 43,5 nd !


Namaka, bien toilé, est imperturbable. Le bateau est équilibré et la mer formée ne le dérange pas trop. Nous arrivons à Willemstad (ville la plus importante de l’île) en fin de journée.
Pour pénétrer dans ce port naturel mais néanmoins industriel, il nous faut demander l’ouverture d’un grand pont pour piéton situé au cœur de la ville.
Après quelques minutes, nous empruntons la voie des pétroliers et autres énormes paquebots qui côtoient cet gigantesque port naturel. Nous mouillons à l’endroit prévu de notre rendez-vous devant un chantier, face aux bateaux des coast guard, pas très loin d’une espèce casse pour très gros bâtiments.
Comme dirait Nath, l’endroit n’est pas très romantique, loin s’en faut …
Un seul autre bateau est mouillé à nos côtés, il bat pavillon bleu blanc rouge, nous l’invitons le soir même à prendre l’apéro. La fée verte (c’est son nom, en référence à l’absinthe, plante ‘enchanteresse’ que nos poètes de l’époque, Rimbaud, Verlaine …, appelaient la fée verte) accueille Jean-claude et Monique. Jean-Claude depuis son enfance a toujours rêvé de partir sur les flots. A 55 ans, sans avoir vraiment navigué au long court, il a largué les amarres et réalisé son rêve d’enfant. C’est ce qu’il a eu le temps de nous raconter quand nous sommes venus à son bord, goûter justement l’absinthe et un gin tonic "maison" que nous n’oublierons pas de si tôt !
Bonne route à tous les 2 et rendez-vous dans le pacifique …

La réparation du radar n’a pas eu lieu (faute de compétence locale …) mais le vent qui souffle toujours très fort ne nous pousse pas à changer de mouillage. Nous en profitons pour visiter Willemstad et ses immeubles colorées, le pittoresque marché flottant où les vénézuéliens viennent à quai proposer leurs fruits et légumes, et pêches du jour.
L’atmosphère tranquille nous invite à tester si ‘le meilleur mojito du monde’ est bien fait à Curaçao … On ne pas encore répondre (on ne les a pas tous goûtés !) mais c’est au moins le meilleur qu’on ait jamais bu !

Tant que nous sommes dans le rayon Alcool, nous en profitons pour vérifier que le célèbre Curaçao (ou triple sec ou liqueur d'orange), à qui l'on doit 'le barbotage spécial' trouve bien son origine ici ..., c'est bien le cas ;-)
La soirée se poursuit au restaurant dans un endroit very charming, les enfants sont ravis, ils vont pouvoir manger les ‘fouittes’ comme le répète Titouan dès qu’il le peut.
Le vent est tombé très très légèrement, mais suffisamment pour nous permettre de gagner le mouillage beaucoup plus accueillant de Spanish Water et attendre tranquillement une bonne fenêtre météo pour Cartagène. L’endroit est agréable, beaucoup de bateaux en partance ou en provenance de Panama y font escale. C’est un repère de bateaux de voyage !

Nous faisons la connaissance de l'équipage de Bellon, une famille belge avec 3 enfants, qui fait route également vers Panama, de Sophie et Bruno (avec 3 enfants aussi !) qui font eux route contre le vent vers St Martin … tout ce petit monde se retrouve en fin d’après-midi au bar du yacht-club, c’est le grand défoulement pour les 9 enfants (Arthur et Titouan suivent la troupe) et l’heure des polars (bière vénézuelienne) pour les grands ….
Ces rencontres d’un jour ou qui sait de toujours sont un vrai régal, le voyage prend alors toute sa dimension, on navigue en 3 D !


Nous avons quitté Curaçao hier matin (16 janvier) pour Cartagène (Colombie). Nathalie, du haut du mat de namaka a salué Curaçao. Le vent a soufflé légèrement hier puis est tombé pendant la nuit. Il fait beau, la mer est calme, la houle langoureuse. Ce midi, c’est attablés comme à la maison, que nous avons savouré notre marinade de thon, pêché la veille au soir.
Après une petite sieste, j’ai pensé à vous et je me suis mis à écrire. Nous naviguons à présent le long des côtes colombiennes.
Arrivée prévue à Cartagène ou ailleurs d’ici un ou deux jours. A bientôt.