11 février 2009

Au pays des indiens Kuna



Faut croire que les San Blas se méritent, car la navigation (160 MN) depuis Carthagène, même par vent modéré, a été éprouvante. Et c’est semble t’il, en saison sèche, monnaie courante. Ce passage, de la Colombie au Panama, est un peu le fond de baie de la mer des Caraïbes, la houle et la mer du vent rencontrent des fonds qui remontent, et ça donne une mer dure, avec des vagues courtes et fortes.
Ajoutée à cela, et j’allais l’oublier, la jolie cagade du départ ….
La météo nous avait annoncé 10/15 nœuds, c’est donc toutes voiles dehors que nous avons quitté la baie de Carthagène. Mais après une heure au large, il nous a fallu réduire la voilure pour être confort avec les 25 nœuds de travers. Et c’est en réduisant, que les ris (cordes qui servent à réduire la voile) se sont pris dans les éoliennes en marche … la cagade !
Il nous a fallu affaler très rapidement et après une partie de ‘gym kana’ sur le portique pour démêler les ris, nous sommes repartis contents de s’en être sortis sans dégâts aux éoliennes, ouf !

Au bout du chemin … la récompense. Nous avions choisi d’atterrir à l’isla de Pinos, un des premiers villages indiens Kuna de la partie sud de l’archipel, pas du tout fréquentée par le tourisme et très peu par les bateaux de voyage. Malgré la lecture de récits de voyages qui nous avaient un peu préparés à la visite de ce territoire, c’est avec des grands yeux d’enfant que nous avons découvert le village Kuna de l’isla de Pinos. Un vrai village indien !, pas très loin de celui que je m’imaginais à l’âge de Leo.
Le lendemain matin de notre arrivée, nous décidons d’aller au village, car comme la coutume le veut, la première chose à faire en arrivant est d’aller trouver le chef du village (le Saliha) pour se présenter, lui demander la permission de visiter le village, d’aller sur la plage, de pêcher … et, payer «l’impuesto», c'est-à-dire le droit de séjour (5 $) que tout le monde paie ( y compris les indiens qui se rendent dans un autre village que le leur).
Je précise que l’archipel des San Blas et les 55 000 indiens Kuna qui y vivent, bénéficient d’un statut d’autonomie en vertu d’un accord passé avec le gouvernement panaméen en1945.
En arrivant donc au ponton du village, nous demandons à voir le Saliha. Des enfants nous y conduisent. Dans la plupart des villages, il est plus ou moins interdit de parler aux «étrangers» tant que le Saliha n’a pas donné son accord. Nous trouvons ce dernier chez lui avec sa famille. Comme toutes les autres familles de ce village, il habite dans une maison traditionnelle (murs en bois, toit en palme), composé d’une seule grande pièce, voire de deux pièces. L’accueil est chaleureux, il parle espagnol, nous pouvons échanger. Le Saliha nous autorise à visiter le village librement et à se baigner. Au passage, je me fais bien confirmer que les eaux sont saines, c'est-à-dire sans bestioles, genre crocodiles qu’on peut rencontrer aux San Blas dans les iles à mangrove proches du continent.
Nous déambulons dans le village sous le regard curieux des habitants. La «force d’attraction ;-) » des jumeaux nous facilite l’approche, et de Nuedi en Nuedi (bonjour en langage Kuna), nous établissons sans difficulté le contact.
Les habitants ne sont pas les seuls curieux, nous le sommes tout autant, en découvrant les tenues traditionnelles des femmes (parmi les signes distinctifs, les mollets sont recouverts d’un bracelet de perle, la tête d’un fichu coloré et la blouse du fameux « mola »), les pirogues taillées dans un tronc d’arbre, bref en découvrant un autre monde. Et c’est toujours, toujours très surprenant d’en prendre conscience.
La ballade terminée, nous nous sommes rués vers la plage, heureux de pouvoir se baigner de nouveau (Carthagène nous avait privé des bains bains).


Après 3 jours, nous quittons l’isla de Pinos pour Ustupu, le plus grand village Kuna de l’archipel. Toute petite navigation (12 MN), mais le vent qui s’est levé le lendemain de notre arrivée à l’isla de Pinos ne nous quitte plus. Désormais, nous sommes fixés, les san blas bout au vent par vent fort, c’est sport ;-).
L’accueil à Ustupu n’est pas sans nous rappeler ceux que nous avons connus aux tuamotus, très très chaleureux. Arthur et Tituan (los jemelos, comme ils disent) sont à la fête, toutes les petites filles et mamans les veulent dans les bras. Nous nous promenons dans le village avec une escorte d’une vingtaine d’enfants. Très rapidement, ils connaissent les prénoms de toute la famille.
Nous faisons la connaissance d’Alek, le fils du sahila, qui est un artiste peintre. Il nous démontrera tout son talent en peignant na maka sur une plume d’oiseau, qui désormais "vole" dans le carré. Leo se fera marquer quelques buts par des petits indiens ravis d’en découdre avec le p’tit français. Pause bière & co chez Isabella (la boulangère) et sa fille Marinette. Et pour finir cette belle journée, nous parlerons culture et philosophie Kuna avec Ernesto.
Des moments très forts.
Notre prochaine destination est isla Verde, toujours dans l’archipel des sans blas, située à une bonne journée d’Ustupu. Nous avons une bonne fenêtre météo.
Nous choisissons de passer à l’extérieur de toutes les îles pour remonter l’archipel, ce qui s’avèrera une solution assez moyenne. En voulant s’éviter une navigation plus complexe entre les îles, on s’est aussi privé de la protection des récifs et compte tenu des fonds qui remontent, ce sont, non pas des hauts fonds qu’il nous a fallu contourner mais des vagues déferlantes ….
C’est donc bien fatigués que nous arrivons en fin de journée à l’isla Verde. Plus aucun doute, les San Blas continuent de se mériter … ;-).
Le vent souffle toujours très fort, mais notre mouillage est bien abrité. Le soleil commence à nous manquer et Eole, à nous «souler». Nous trouvons ‘refuge’, pour les bains bains tranquilles, sous le vent d’un petit îlot (à peine 30 mètres de diamètre), tout droit sorti d’un conte pour enfants. Catherine et François, installés depuis 6 ans dans l’archipel, nous parlerons de leurs expéditions sud américaines, le temps d’une soirée très sympathique.
6 fev 09 - Bon anniversaire Arthur et Titouan - merci beaucoup pour vos messages.
Nous décidons de changer de mouillage pour aller dans les cayos hollandes, groupe d’îles (toujours dans l’archipel des san blas) plus au large des côtes du panama, qui bénéficient de plusieurs mouillages très bien abrités et surtout, d’une eau très claire …
On n’oubliera pas les 8 milles parcourus pour atteindre ce mouillage de rêve. De 20/25 nds, le vent est monté rapidement à 35 nds. Au menu, vagues de 5 mètres avec une fréquence de 7 ou 8 secondes, avec possibilité de déferler. Chaud devant, nous avons du à plusieurs reprises amener na maka face à la vague pour ne pas être balloter sérieusement de travers. En arrivant, nous n’avons pas hésité à choisir le mouillage le mieux abrité … pour sécuriser la soirée et la nuit ;-)
Le lendemain et les 2 jours suivants, le vent soufflait toujours très très fort (de façon exceptionnelle selon les locaux) mais nous avons pu profiter pleinement des îlots sauvages, sans trop nous soucier d’Eole.
Nous avons terminé en beauté notre mini séjour aux cayos hollandès, avec un apéro bien arrosé sur une île déserte (mais entretenue avec amour par un canadien qui en a fait son jardin) avec tous les bateaux des mouillages à proximité, parmi lesquels des canadiens, américains, autrichiens, espagnols, anglais … encore un bon moment ;-) !
Nous sommes aujourd’hui à Nargana (île proche du continent) et nous venons de récupérer Alain, venu rejoindre l’aventure pour 6 semaines. Welcome Alain !
Hasta la vista,
Geronimo