31 décembre 2009

Raïatea, en direct de l'Hawaiki Nui



Retour en fanfare à Raïatea avec l’évènement sportif de l’année en Polynésie, l’Hawaiki Nui, une des courses de pirogue les plus importantes du Pacifique.
Dans la baie très protégée où nous encrons, arrivent la veille de la course Boreas – que nous n’avons pas encore revu depuis notre séjour mémorable à Mopelia en 2007, et Kamoke, que nous avions quitté fin juin aux Gambier…
S’ensuit un apéro prolongé sur Na Maka où parents et enfants partagent leurs aventures et savourent leurs retrouvailles.
Le lendemain matin, nos trois annexes prennent la direction de la passe par laquelle arriveront les va’a V6 (pirogues de compétition à 6 places) parties deux heures plus tôt de Huahiné. Cette course de renommée internationale a attiré beaucoup de monde et le lagon est agité par les centaines d’embarcations, voiliers, poti, barques diverses, kayaks, bateau de la marine, qui grouillent près de la passe pour assister à la fin de course.




On se croirait presque au tour de France tant il y a de bateaux accompagnateurs et de badauds … la notable différence, c’est que nous attendons tous très patiemment, nageant tranquillement dans une eau claire à 29° avec la glacière qui va bien (… mais contrairement aux tahitiens, pas d’hinano !, notre soirée bien arrosée de la veille nous recommande rien que de l’eau !).
Tout à coup, la première vaa arrive, c’est Shell le grand favori, et l’allure à laquelle la pirogue avance est hallucinante : environ 9 nœuds de moyenne alors que les athlètes rament depuis plus de 2 heures dans l’océan, à 70 coups de rames à la minute !


Les encouragements fusent puis arrivent les deux challengers qui se « tirent la bourre » pour notre plus grand bonheur. Ils seront 98 à passer devant nous et jusqu’aux derniers, nous assisterons à plusieurs duels, voire trio acharnés… Titouan est rentré presque aphone d’avoir crié « allez » et continue encore à encourager toute vaa qui passe près du bateau, même si c’est un pêcheur à la traine !
Le lendemain, nous irons depuis la terre cette fois-ci assister au départ de la deuxième manche de la course (entre Raïatea et Tahaa), tout aussi spectaculaire et esthétique. Les 98 pirogues multicolores tapissent le lagon, c’est un régal pour les yeux !




La troisième et dernière manche entre Tahaa et Bora Bora sera très très disputée. Au final le favori, Shell, perdra le podium (qu’il détenait depuis 4 ans) au profit du team OPT.
Grosse, grosse ambiance à l’arrivée à Bora avec en prime ce dénouement inattendu pour le plus grand bonheur des tahitiens !

Nathalie, votre correspondante sur place.

Raïatea, La Sacrée



Remettre les voiles, c’est partir ou repartir, c’est un nouveau départ, le commencement d’une nouvelle aventure et c’est à chaque fois, la même excitation accompagnée souvent d’un parfum de nostalgie parce qu’on quitte des endroits et des gens qu’on a aimés.
Quand on reprend la mer, une fois qu’on y est installé, c'est-à-dire qu’on fait quelques milles avec les voiles bien réglées, que tout est en ordre de marche, qu’on a la perspective d’une belle navigation devant nous, alors on change de décor et on abandonne provisoirement ce qu’il y a derrière nous pour ne regarder que devant, à l’horizon.
Le jour tombe alors et la nuit s’installe. C’est un des mes moments préférés en bateau, toujours très émouvant, car je sais que je vais me retrouver en tête à tête avec la mer toute la nuit. Et ça, j’adore, même quand je suis fatigué, j’adore. J’ai du mal à expliquer pourquoi, mais l’intimité que j’ai avec la mer, la nuit, fait que je retrouve chaque fois le même plaisir.


Cette nuit là a été parfaite, bon vent, belles étoiles, belle glisse …
Partis la veille en fin d’après-midi de Moorea, nous sommes arrivés le lendemain midi à Raïatea.
Nous avons choisi un joli petit mouillage dans l’anse du motu de la passe Tipaemau pour nos retrouvailles avec l’île sacrée, sacrée pour nous à plusieurs titres.
Sacrée, car son marae (lieu de culte des ancêtres et des divinités), situé à Taputapuatea, est le plus grand de Polynésie.
Sacrée toujours, car c’est à Raïatea en 1999, que nous avons fait nos premiers milles en Polynésie.
Sacrée encore, car depuis le temps, nous y avons des amis et beaucoup de très bons souvenirs.
Sacrée enfin, pour tout ce qui nous y attend encore de bon.

Jérôme

19 décembre 2009

Les baleines de Moorea

Vendredi 23 octobre, 11H00, le téléphone sonne : « salut, tu les vois là en face de la passe ?, pas très loin du bateau noir … »
C’est Franck, un copain du mouillage où nous sommes, à l’entrée de la baie d’Opunohu. Il est guide touristique et depuis qu’il s’est installé à Moorea, il s’est passionné pour les baleines qui viennent chaque année honorer les passes nord du lagon.
Avec Nathalie et Leo, nous sautons dans l’annexe, moteur à fond, et sortons de la passe en direction du spot présumé.
« Papa !, là !, là !, sur la droite » crie Leo, j’aperçois en effet la dorsale de la baleine, je me dirige droit dessus, m’arrête à une vingtaine de mètres de la « tache d’huile » que semble laisser la baleine quand elle plonge ; c’est en fait, ses bulles d’air qui remontent en surface.
Nous patientons, attentifs, impatients et pas trop fiers …elle remonte juste à côté de l’annexe !
L’occasion est trop bonne, 2 bateaux nous ont rejoint, je vois leurs équipiers qui se préparent à la hâte pour plonger.
« Allez Leo, on se met à l’eau ! », à peine immergés, nous la voyons à 5 mètres de nous, voluptueuse, imposante, nous retenons notre souffle …, c’est impressionnant, non c’est fascinant !
Nous sommes totalement absorbés par ce spectacle incroyable si bien que nous suivons la baleine, rejoints par d’autres chanceux.
Quelques minutes après, c’est au tour de Nathalie et toujours celui de Leo de plonger à moins de 2 mètres de ce monument, d’une petite dizaine de mètres de long et 3 de large.

La veille, Franck avait déjà téléphoné dans l’après-midi. Avec Maman et Leo, nous avions pris la passe pour tenter d’approcher les baleines.
Avant de les voir (il y en avait deux), on avait pu entendre le male chanter, en allant à l’eau avec Leo. Déjà l’impression avait été énorme, entendre ce son puissant faire vibrer l’océan.
Nous avons patienté, seul (les autres bateaux avaient quitté les lieux). Et puis, elles avaient refait surface, pas très très proches de nous, mais suffisamment pour que Maman voit sa dernière heure arriver ;-) !!!
La trouille a été tellement intense, que son doigt, qui au départ devait appuyer sur l’appareil photo pour saisir l’instant magique, s’est seulement agrippé à l’appareil comme on s’agripperait à une pierre pour ne pas glisser dans le vide.
Conséquence, pas de vidéo de l’instant magique … nous étions déçus même si nos yeux n’ont pas perdu une séquence de ce merveilleux spectacle.
Merci encore Franck !

Et dire qu’on aurait du partir pour Raïatea, il y a 3 jours. Mais faut croire qu’Eole voulait nous faire un cadeau, puisqu’en ne se montrant pas, il m’a convaincu de l’attendre.
C’est sur ces images fabuleuses, quel cadeau de départ !, que nous avons quitté Moorea pour Raïatea. Nous sommes actuellement en route, la mer est belle, le soleil brille, Eole souffle juste ce qu’il faut pour gonfler le gennaker, bref des conditions de « zénitude » parfaites pour penser à vous et vous écrire !

Nous sommes arrivés à Moorea avec un cadeau de départ de Tahiti, un mahi mahi (dorade coryphène) de 130 cm péché entre Tahiti et Moorea. Cadeau mérité, puisque la lutte a été âpre, mais cette fois, je l’ai emporté ! … cette fois, car ce matin, au petit jour, j’ai non seulement perdu le combat mais aussi le leurre ;-(



Après une pause turquoise dans le lagon, à l’entrée de la baie de Cook, nous sommes allés mouiller pour 3 jours dans cette baie grandiose et célèbre, même si Cook, contrairement à la légende, n’est pas arrivé dans cette baie mais dans sa jumelle, la baie d’Opunohu …
Allez, qu’importe, cette baie a selon moi un petit quelque chose en plus qui fait qu’elle mérite amplement sa notoriété.



Nous avons eu la chance de voir cette baie avec toutes les lumières possibles et c’est véritablement un spectacle de la nature surprenant. Chaque fois que nous sommes allés à Moorea, nous avons eu cette chance, c’est notre baie porte-bonheur.

Par contre, le tour de l’île à vélo s’est révélé une entreprise un peu compliquée pour Maman qui est venue à bout de ses 62 kms, mais non sans mal. Son régime de l’été passé (bibine, bain-bain, bibine) a donc été mis à l’épreuve et force est de constater qu’il faudra revoir la bibine ou alors forcer sur les bains bains ;-) !
Mais la sueur ne l’a pas empêchée d’apprécier le dégradé permanent allant du bleu foncé au vert émeraude qu’offre le tour de Moorea.


Leo, qui assez rapidement s’est déclaré lui aussi fatigué, s’est métamorphosé en Greg Lemon pour les 40 kms restants dès lors que je l’ai transporté dans la dernière étape du championnat du monde de country ride qui allait dévoiler son champion du monde …
J’ai été médusé, si bien que pendant plusieurs kilomètres, je n’arrivais même plus à assurer les commentaires, tellement il était loin devant !
Pendant ce temps, le vélo ravitailleur (Maman) se ménageait …




Pas de jalouses, nous sommes allés mouiller également au fond dans la baie d’Opunohu, point de départ d’une superbe ballade qui nous a conduit au belvédère.
La montée (5 kms) avec les poussettes s’est avérée plus tranquille que celle du belvédère de Tahiti. En même temps, on n’a pas fait la course avec les poussettes …



De là haut, le point de vue est fantastique, il nous offre les 2 baies, encerclées de cette nature tropicale où tous les tons de vert viennent côtoyer les tons de bleu du lagon.
Au retour, nous avons fait une halte au lycée agricole, pour goutter les confitures faites maison à partir des fruits et légumes cultivés sur place, mais surtout se balader dans leur immense « jardin d’éden » où poussent quasiment tout ce qui peut pousser dans les îles de la société.




C’est au lycée agricole que nous avons rencontré Franck qui y faisait également une pause avec ses touristes. Nos chapeaux « Galapagos » l’ont interpellé, car 2 ans avant nous, en traversant le Pacifique également, il s’était laissé séduire par les otaries.



Arthur, Titouan et Leo ont particulièrement apprécié le mouillage suivant, à l’entrée de la baie. La plage a repris ses droits et la cadence « infernale » des bains bains avec.
Le lendemain, sous un beau soleil et Eole en vacances, nous sommes partis à la découverte du lagon, véritable piscine.
En progressant doucement et en longeant le récif, nous avons vu défiler les fonds marins d’une incroyable clarté. Puis, le hasard nous a conduits sur un des lieux de nourrissage des raies, ce qui nous a permis de les approcher de très près.
Leo, qui déjà était très impressionné, s’est retrouvé avec une raie dans les bras, venue littéralement l’embrasser.



La malheureuse a été éconduite par le Leo, incapable de maîtriser son émotion ;-) !
Après une pause déjeuner sympathique et une petite sieste sur le sable fin de la plage des Tipaniers, nous sommes retournés au bateau. C’est là que le téléphone a sonné … vous connaissez la suite ;-)
Nous avons clôturé cette journée en or par un dîner sympathique à bord avec Yann et Florence, des amis de Manu, en goguette autour de la planète pour un gros semestre.



Nous sommes à présent à une dizaine de mille des côtes de Raïatea, l’arrivée à la maison est donc proche.
Depuis (car il s’est écoulé un peu de temps entre le moment où j’ai écrit ce texte et le moment où j’ai pu le publier …), nous sommes bien arrivés à Raïatea, la Sacrée.

Nous sommes le 19 décembre, Bon anniversaire Maman !!

Nana,

Jérôme