26 juillet 2010

De Palmerston à Beveridge Reef

La lune, presque pleine, éclaire l'océan. Les crêtes des vagues brillent. Les étoiles scintillent. Ce spectacle que nous offre aujourd'hui le Pacifique est merveilleux. Nous sommes dans la nuit du 24 au 25 juillet, je suis à la barre, ipod sur les oreilles, Sade en fond sonore (encore merci Serge !), je suis tout simplement bien et je savoure ce moment, l'ivresse du grand large … ;-)
Je le savoure d'autant plus que malgré toutes les précautions météo qu'on prend, on n'est pas toujours servis comme on voudrait, trop de mer, trop de vent ou pas assez, pas dans la bonne direction, bref les combinaisons pour rendre le voyage moyennement confortable sont nombreuses ;-), alors quand les conditions sont parfaites ou presque, c'est du pur bonheur !
Leo, qui est souvent le plus malade d'entre nous, se sent pousser des ailes et ferait bien le tour du monde sans s'arrêter (à condition qu'on recharge ses appareils tous les jours ;-)), les petits voudraient tout de suite aller en Nouvelle Zélande pour retrouver les balançoires et nous, avec Nathalie, on profite de la quiétude ambiante.

Nous sommes quelque part en mer entre Palmerston et notre prochaine escale, Beveridge Reef, juste un Reef en plein milieu de l'océan, sans même un morceau de terre, ça promet !!.
Entre coucher de lune et lever de soleil, le spectacle est grandiose et nous met en condition …

Nous venons de passer une petite semaine dans l'atoll de Palmerston. La navigation depuis Aitutaki (200 MN) a été également très clémente, seul l'atterrissage de nuit sous le vent du Reef (une première pour nous, car en principe, nous n'aimons pas vraiment arriver de nuit..), sans poser particulièrement de problème, nous a fait un peu appréhender. Le risque étant de ne pas trouver de mooring (corps-mort ou bouée d'amarrage) et de devoir attendre le lendemain pour en prendre un, ce qui veut dire faire des ronds dans l'eau jusqu'au petit jour…
Mais grâce à nos amis californiens de Beachhouse, bien disciplinés ;-), qui n'oublient jamais de mettre leur feu de mouillage, on a pu se repérer facilement et mettre la main sur un mooring. A 23H00, samedi 17 juillet, nous étions amarrés devant Palmerston.

Cette ile très particulière au regard de l'histoire de ses habitants est un atoll des mers du sud, avec ses motus, et éloigné de tout, comme beaucoup le sont. Palmerston a fait couler de l'encre dans le petit monde de la voile et aussi dans celui de l'anthropologie car elle est habitée par une seule famille : les Marsters.
67 personnes en tout sur l'ile mais 3000 entre les Cook, la Nelle Zélande et l'Australie. Fondée par le patriarche il y a un siècle et demi, qui, prévoyant, avait emmené trois femmes … et a donc créée 3 branches avec chacune leur part de motu. Isolation oblige, mariages consanguins d'une branche à l'autre avant que les bateaux de passage ne permettent à chacun de trouver sa moitié(e) sous d'autres cieux. Chanceux, car à part quelques yeux défaillants, il n'y pas de grosses tares (apparentes !).
Mais ce qui apparaît comme la construction d'une utopie ne se révèle pas tout aussi joyeux que ça pour les habitants : luttes de pouvoir entre chaque branche, malgré une organisation équilibrée : 2 représentants par famille dans le conseil de Palmerston qui statue sur toutes les grandes questions. Et ces tensions existent particulièrement chez les ados ou les jeunes adultes…c'est le Nord et le Sud de l'ile qui s'affrontent…
Du coup, à notre arrivée, nous sommes un peu refroidis par la " raideur " ambiante, loin de la spontanéité d'Aitutaki : une famille est responsable de notre accueil et Edward choisit 7H30 du matin pour nous réveiller en nous annonçant que c'est dimanche et que nous ne pouvons pas aller à terre car nous devons faire les formalités avant … donc il nous faut rester au mouillage (rouleur car à l'extérieur du lagon) toute la journée. Après négociation, puis appel VHF de la nurse, nous sommes autorisés à descendre à terre pour soulager le (prétendu) mal de mer des petits. Pendant que Jérôme et Leo explorent les magnifiques fonds extérieurs et vérifient le corps-mort, je déjeune donc chez Edward avec les petits -occasion de fêter les 11 ans de son fils cadet.
Durant tout notre séjour, avec la même hospitalité, nous serons amenés à terre par Ed et invités à déjeuner. Malheureusement, le manque de spontanéité de cet accueil - qui sert de monnaie d'échange pour diverses denrées difficiles à obtenir sur place - et la perte d'autonomie qu'implique cette façon de faire nous refroidissent un peu … il faut dire qu'on a été mal habitués ces derniers mois !
Finalement, avec les habitants du village qui n'ont pas de relation " commerçante " avec nous, nous retrouvons la simplicité polynésienne et la chaleur qui nous manquent…Un anglo-australien qui fait son PHD (doctorat) ici, spécialisé sur l'étude des petites communautés isolées, nous donne quelques clefs pour comprendre cet univers très particulier … seul blanc (et typique , presque 2 M longiligne et blond tirant sur le roux) depuis 4 mois sur l'ile, il a partagé le quotidien de toutes les familles avant de s'installer seul (enfin !) dans une vieille maison au milieu du village.

8H00, ce matin du 25 juillet, toujours en mer à destination de Beveridge Reef, la journée commence bien car pour une fois le réveil a sonné (eh oui, je sais, c'est le monde à l'envers, mais rappelez-vous qu'on est dans l'hémisphère sud ;-)). Mon réveil à moi, c'est le cliquet de mon moulinet qui s'emballe, ce qui signifie, " à la guerre, mon gars, il va falloir batailler ! " et cette fois, j'ai gagné la bataille et un tartare de maï maï (dorade coryphène) pour ce soir, hum !

14H00, nous entrons dans Beveridge Reef, imaginez un atoll, c'est-à-dire une ceinture corallienne, sans motu, donc sans arbre, sans la moindre langue de terre… hallucinant !
Quelques minutes après avoir franchi la passe, nous mouillons dans 2 mètres d'eau de Volvic, avec la nette impression d'ancrer au milieu du grand océan. Quel décor incroyable !, sublime !, magnifique récompense après 2 bonnes journées de mer.

15H00, pas de temps à perdre, nous voulons profiter avec Leo, du grand soleil et de la mer calme sans vent pour visiter les fonds à l'extérieur du récif. L'excitation est à son comble, nous allons plonger au milieu de nulle part, en plein milieu du pacifique sud …
Après quelques minutes sous l'eau, à la vue des énormes perroquets, Leo est comme un fou, il veut son fusil pour chasser. Il a attrapé le virus de la chasse sous marine à Mopelia, du coup depuis, on se fait de jolies parties tous les 2 et contrairement à la pêche à la traine, on ne revient jamais bredouille !

Demain sera un autre jour, mais aujourd'hui, quelle journée !!

Kiss & Love

Jérôme & Nathalie

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